Un lot de céramiques du VIIe siècle à Halabiya (Syrie)
Nairusz HAIDAR VELA, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
Les niveaux de transition byzantino-omeyyade demeurent mal connus en Syrie, en dépit de l’importance qu’ils revêtent pour la compréhension des sites. Longtemps à tort, les chercheurs ont considéré que la majorité des villes et villages connaissaient leur occupation interrompue à la fin de l’époque byzantine. Néanmoins, depuis quelques décennies, les fouilles stratigraphiques ont permis d’attester une continuité de l’occupation de la période byzantine à l’époque islamique sur de nombreux sites en Syrie du Nord. L’absence de nouvelles constructions ne traduit plus nécessairement un abandon et la transition byzantino-omeyyade est mieux appréciée, ce qui a permis de porter un nouveau regard sur cette période.
Dans le domaine de la céramologie, nous sommes toutefois, encore aujourd’hui, confrontés à un manque de publications issues de sites ayant une occupation continue de l’époque byzantine à l’époque islamique. Le passage de la céramique byzantine à la céramique omeyyade n’est donc pas toujours facile à percevoir dans cette région où les productions, tout en restant tributaires des caractéristiques locales, s’imprègnent d’influences extérieures. Loin de rompre totalement avec la tradition de l’Antiquité classique, la céramique du VIIe s. est empreinte de caractéristiques propres à l’époque protobyzantine auxquelles se mêlent de nouvelles propriétés qui se développeront tout au long des premiers temps de l’Islam ; le matériel issu des fouilles de Halabiya, sur l’Euphrate, constitue un témoignage explicite de ce phénomène.
À travers le matériel issu d’un secteur d’habitat de Halabiya, exceptionnel par son état de conservation, cette présentation dressera un panorama des poteries en usage durant la phase de transition byzantino-omeyyade. De nombreux contextes liés à cette occupation ont été mis au jour, livrant des poteries de tradition byzantine associées à de nouvelles formes désormais caractéristiques des répertoires arabo-musulmans. Nous nous attacherons donc à présenter les caractéristiques héritées des productions protobyzantines ainsi que les « influences » proprement islamiques.