Colloque
Individus, piraterie, représailles et contrebande en Méditerranée orientale et en Adriatique (XIIe-XVe siècle) : les acteurs des échanges face aux abus et aux violences
29 – 30 octobre 2015, Logis du Roy – Square Jules Bocquet – Amiens
À travers le cas de la Méditerranée orientale et de son annexe adriatique au bas Moyen Âge, zone d’interaction des espaces latin, byzantin et musulman, la rencontre s’intéresse au comportement des acteurs dans toutes les formes de prédation qui s’exercent sur les échanges. La piraterie est une manifestation particulièrement bien connue de ce prélèvement violent, mais on se penchera aussi sur les mécanismes des représailles, la contrebande ainsi que les abus des agents publics à l’égard des acteurs privés des échanges. Bien que ces derniers abus puissent être coutumiers et impliquer alors une forme de consentement des victimes, ce consentement n’est jamais complètement acquis et ces types de prélèvement restent perçus comme essentiellement inéquitables et à ce titre susceptibles de recours auprès des autorités de l’une ou l’autre partie. La contrebande constitue quant à elle une réponse des acteurs à un prélèvement que les autorités considèrent comme pleinement légitime mais qui n’en est pas moins jugé lui aussi excessif par ceux à qui il est imposé. Tous ces phénomènes sont générateurs d’information documentaire sur les individus, mais ils contribuent aussi directement au processus même d’individuation : le pirate comme ses victimes, l’agent douanier comme ses proies ont besoin de définir l’identité de l’autre et son allégeance politique, que ce soit pour justifier le prélèvement forcé ou pour en réclamer compensation. Les autorités étatiques doivent aussi répertorier, nommer et classer les acteurs individuels, que ce soit pour les protéger des abus ou les en indemniser, ou au contraire pour justifier ceux qu’ils ont commis à leur égard. Dans le mécanisme des représailles, la définition de la chaîne des allégeances est essentielle, car elle établit celle des responsabilités partagées. Au-delà de leur saveur pittoresque et des techniques de leur mise en récits documentaire, tous ces phénomènes sont donc singulièrement éclairants du point de vue de l’histoire des individus.
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