NESSERIS ILIAS – The aenigmatic scribe Ioannikios revisited

The aenigmatic scribe Ioannikios (XIIth C.) revisited
Ilias Nesseris, Université de Ioannina.

 

THE EXISTENCE OF A HOSPITABLE ENVIRONMENT is without doubt one of the staple prerequisites for the sustenance and development of any kind of intellectual activities. Constantinople in the twelfth century, esp. during the Comnenian era, did indeed provide such a suitable background, which facilitated the prosperity of education. This is very well demonstrated by the operation of many schools of elementary and higher education, the teaching activities of many distinguished scholars (such as Theodore Prodromus or Eustathius of Thessalonica) and the existence of literary theatra. This rich milieu of the capital enabled and provided a vivid market for the copying and circulation of books, and therefore a number of individual scribes as well as scriptoria are attested. In fact, one of the most prolific scriptoria of this period was the one directed by the monk Ioannikios. Although he was initially placed in the fourteenth century by A.M. Bandini –a view later followed by others– it was aptly proven by Nigel G. Wilson on the basis of palaeographical grounds that Ioannikios was to be dated two centuries earlier. More than twenty-five manuscripts come from his scriptorium, most of them in fact from his own hand, and the number keeps rising in the last years, as more and more codices have been ascribed to him. What is very interesting is that the content of these manuscripts is mainly secular (Homer and the tragics, though Aristotle and Galen are predominant). Modern research has mainly focused on the copying activities of Ioannikios, while not so many aspects of his aenigmatic figure have been yet fully explored. With the present paper we aspire to bring forth more concrete evidence about his work and his identity.

JOUETTE JEAN-CYRIL – Les sorciers à Byzance

Les sorciers à Byzance aux XIe et XIIe siècles : des professions de foi aux « lynchages » politiques
Jean-Cyril Jouette, Université de Provence Aix-Marseille

 Si l’on en croit les propos de l’hagiographe Grégoire le Cellérier, il n’était pas rare de croiser des sorciers offrant leurs services dans la société byzantine du XIe siècle. À la lecture des annales de Nicétas Choniatès, nous pouvons faire le même constat pour le XIIe siècle. La plupart du temps, les sources de cette époque s’accordent à dire que ces sorciers embrassaient intentionnellement les « pouvoirs des ténèbres » pour arriver à leurs fins : nous verrons donc dans un premier temps les motivations de ces sorciers, le mode opératoire employé, les réussites des sortilèges et encore les conséquences de leurs actes selon l’orthodoxie. Puis dans un second temps, nous verrons comment l’accusation de sorcellerie eut un usage plus politique : à partir d’une confrontation des sources, donnant parfois des explications divergentes autour d’une affaire par exemple, nous nous concentrerons sur l’efficacité d’une telle accusation et les conséquences sociales et politiques qu’entraînait un tel jugement.

CALIA ANNA – Les Grecs au service de la Porte ottomane

Les Grecs au service de la Porte ottomane dans la 2ème moitié du XVe siècle
Anna Calia, Université de Saint-Marin / École pratique des hautes études.

La diaspora des élites byzantines après la chute de Constantinople en 1453 a été étudiée depuis longtemps, surtout en ce qui concerne sa relation avec la floraison de l’Humanisme et des études grecques en Occident. Pendant les dernières années de nombreuses études ont exploré le rôle joué par le Patriarcat œcuménique ainsi que par les aristocrates et les marchands grecs dans la transition byzantine-ottomane à Constantinople. Les ottomanistes ont aussi montré la centralité des convertis ou renégats issus des familles de l’élite byzantine dans le fonctionnement de l’administration et dans la construction de l’image impériale ottomane.

Encore peu connue est par contre la sort des Byzantins qui restèrent au service du sultan à Constantinople en tant que secrétaires, interprètes, chanceliers, copistes. Ils sont d’ailleurs attestés aussi dans plusieurs documents d’archives occidentales, étant donné que jusqu’à la fin du XVème siècle la chancellerie ottomane utilisait le grec dans les échanges avec les puissances occidentales et le medio-serbe avec Raguse et la Hongrie.

Sous le règne de Mehmed II la présence  des certains Byzantines dans la chancellerie ottomane était liée aussi aux intérêts littéraires du sultan. Parmi les autres figures, ressort celle de Jean Dokeianos, personnage emblématique de la transition byzantine-ottomane. Auteur de nombreuses compositions d’occasion pour Constantin XI et d’autres membres de la cour paléologue de Mistra, copiste et possesseur d’une bibliothèque remarquable, après la conquête ottomane du Péloponnèse en 1460 il préfère « le turban du sultan à la mitre romaine » devenant secrétaire et copiste de manuscrits – soit littéraires soit d’enseignement – dans le Palais ottoman. Au même temps il enseigne dans le Patriarcat tout en restant chrétien et anti-unioniste.

Ses œuvres, qui comprennent des épîtres, éloges et oraisons,  n’ont été publié que partiellement par Spyridon Lambros. Elles par contre nous donnent un aperçu du très vif débat intellectuel qui animait la cour paléologue à propos de l’éducation des souverains, de l’importance des modèles classiques, du destin de l’empire et de l’identité ethnique du despotat de Mistra à la première moitié du XVème siècle.

VOISIN LUDIVINE – L’Ancienne ou la Nouvelle Rome

L’Ancienne ou la Nouvelle Rome ? Les monastères grecs sous domination latine face à l’autorité universelle (XIIIe-XVe siècle)
Ludivine Voisin, Université de Rouen.

 La quatrième croisade fait basculer une majorité de Grecs dans la juridiction romaine et réalise, de fait, l’union des Églises d’Orient et d’Occident telle qu’elle est conçue par l’Église de Rome. La papauté, le patriarcat et l’Empire multiplient pourtant pendant deux siècles les efforts pour parvenir à une union acceptable par les deux camps, preuve du décalage entre une union fantasmée et une réalité plus complexe. La question du ralliement des Grecs, et en particulier des moines, à l’Église universelle dirigée par le pape a fait l’objet de nombreuses parutions d’historiens et de théologiens, nourris d’une littérature essentiellement constantinopolitaine qui alterne sincère ralliement et littérature de controverse. Le positionnement des moines grecs coupés du patriarcat mais fidèles à l’orthodoxie tout en étant intégrés à l’obédience romaine n’a pas encore été pris en compte du fait, sans doute, d’une documentation lacunaire et essentiellement établie par la chancellerie pontificale. Bien que fragmentaires, les témoignages de l’attitude des moines grecs face aux deux autorités revendiquées comme universelles – papauté et patriarcat, s’ils sont remis en contexte, doivent permettre de mettre en évidence la situation singulière des monastères grecs situés en territoires gréco-latins dans le conflit qui absorbe leurs frères de rite situés de l’autre côté de la frontière juridictionnelle. Cet exposé libre en français, dont l’objectif est de proposer des éléments de réflexion sur la question de l’identité monastique grecque à la fin du Moyen-Âge, s’inscrit dans nos travaux de recherches doctorales portant sur les monastères grecs sous domination latine, menés sous la direction du Professeur Gilles Grivaud de l’Université de Rouen.

HEDJAN JONEL – Le déchirement interne de la Serbie au XIVe siècle

Le déchirement interne de la Serbie au XIVe siècle : une opportunité pour l’Église de Byzance ?
Jonel Hedjan, Université de Paris IV-Sorbonne.

L’influence byzantine sur le développement politique et culturel des Slaves du Sud est bien connue. À partir du IXe siècle, l’organisation étatique et ecclésiastique de ces peuples, de même que leur culture (spirituelle et matérielle), portent des marques directement héritées de Byzance.

Cette présentation a pour but d’analyser, à la veille des conquêtes turques au XIVe siècle, les divers aspects des relations ecclésiastiques de Byzance avec son État voisin slave, la Serbie. Chronologiquement, nous avons choisi les années qui vont de 1346 à 1402. Elles correspondent à l’élévation unilatérale du Patriarcat de l’Église serbe, suivie de la proclamation d’Étienne Dušan comme „Tsar des Serbes et des Grecs“, jusqu’à la proclamation par l’empereur byzantin, après la bataille d’Angora, d’Étienne Lazarević comme despote des pays serbes. Durant cette période, de multiples changements politiques se sont produits et ont provoqué des transformations dans la vie de l’Église et de manière plus générale dans celle de l’État.

Les principales questions auxquelles cette présentation tentera de répondre sont donc les suivantes : quels furent, à la veille de la conquête turque, les enjeux des relations entre Byzance et la Serbie sur un plan religieux ? Comment ces enjeux ont-ils transformé la politique de Byzance au sein des Balkans ?