XVe édition (4-5 Octobre 2024)

4-5 Octobre 2024 : XVe Rencontres internationales des jeunes byzantinistes

Téléchargez ici l’appel à communication ! / The call for papers is available here!

Byzance en ses marges : centres, périphéries, contours

La montagne, la croix, les bourreaux : tout, dans la célèbre miniature du Psautier Khludov, nous transporte “au-dehors”. Aux portes de la ville, à la lisière de la société, la Crucifixion évoque encore, au souvenir des iconoclastes, les contours mouvants du dogme chrétien. De cette remarquable mise en abyme où l’image, depuis les marges auxquelles elle semble reléguée, surplombe le texte pour en mieux tempérer l’ascendant, émane pourtant une vague confusion : lequel, de l’écrit ou de l’enluminure, se tient au centre de la page – s’il en est un ?

Des marges du psautier à celles de Byzance, il n’y a qu’un pas. Microcosme par excellence, le livre illustré nous invite à étendre, à l’échelle d’un monde, cette notion ambivalente.  À l’image du tracé mouvant des frontières, la tension qui se noue entre le texte et la miniature affleure, sous de multiples aspects, à travers la carte : entre la capitale et les provinces, l’empire et ses vassaux, le prince chrétien et ses voisins.

Telles régions limitrophes s’affirment, avec le temps, comme des centres incontestables du pouvoir – la Serbie et la Bulgarie, l’Épire et Trébizonde : et voici Byzance devenue marge. Telles autres, plus éloignées de Constantinople – culturellement, spirituellement –, maintiennent avec elle des liens ténus pour mieux se définir : ainsi de l’Arménie, de la Sicile, de la Rus’ de Kiev et même de l’Éthiopie, autant d’autres Byzance(s) en-dehors de Byzance.

En réduisant à l’espace urbain les enjeux territoriaux de l’empire, en les transposant aussi à l’espace ecclésial, le même paradigme nous incite à en déceler les axes et les seuils. Les murs de la ville et ses édifices, l’architecture et le décor des églises, les lieux de pèlerinage et les nécropoles élaborent et refondent, constamment, la notion de liminalité.

Le Christ supplicié, de même que l’iconoclaste sacrilège, esquisse la norme sociale : l’hérésie, comme le calvaire, retranche, exclut, marginalise. Mais les franges de la société byzantine, qui dépassent de loin les
projections modernes, façonnent une mosaïque nuancée dont bien des composantes, souvent négligées – femmes, criminels, ascètes –, nous engagent à repenser la cohérence.

Moines et monastères revendiquent leur marginalité autant qu’ils l’idéalisent : tant leur implantation, aux abords ou en plein cœur de la ville, que la reconnaissance sociale dont ils jouissent, semblent contredire la réclusion à laquelle ils prétendent. L’exil lui-même, souvent amer, maintient plus que jamais son objet au centre des égards : éloigné, on le surveille ; il écrit, revient parfois.

Penser Byzance, enfin, exige la distance et le décentrement du regard étranger. Chroniqueurs arméniens, latins et syriaques, émissaires arabes et mongols ont porté sur l’empire, sa culture et ses rites, un œil attentif, parfois acéré, que les historiens ne sauraient mésestimer. Notre discipline elle-même n’y échappe en rien : ultime soubresaut du monde gréco-romain, interminable Bas-Empire ou prélude à la Turquie ottomane, l’histoire byzantine fut, elle aussi, longtemps perçue comme marginale – l’une de ces inévitables transitions indispensables à la chronologie.

Les centres, les normes, les limites : tout restait alors à définir à qui voulait que la culture byzantine devînt enfin l’objet d’une étude autonome. Aujourd’hui, la délicate tension entre le centre du monde et les marges de l’empire témoigne des avancées de la recherche comme des écueils auxquels elle est confrontée. Telle est l’ambition des XVe Rencontres internationales des étudiants du monde byzantin : aborder Byzance en ses marges, depuis ses marges, en tant que marge.

Les communications pourront s’inscrire dans les thématiques suivantes :
– marges territoriales, frontières et espaces de transition
– peuplement des marges et déplacements de populations
– place des femmes, des enfants, des esclaves, des individus en dehors des normes de genre
– maladies, infirmités, handicaps, mort
– controverses religieuses, hérésies, excommunications et anathèmes
– institutions monastiques
– manifestations de la marginalité : costume, pratiques alimentaires
– Byzance vue de l’extérieur

Les interventions, d’une durée de vingt minutes, pourront être données en français ou en anglais. Les propositions de communications (250 à 300 mots), ainsi qu’une brève biographie incluant l’institution de rattachement, le niveau d’études actuel (master, doctorat, post-doctorat) et le sujet de recherche, devront être envoyées à l’adresse aemb.paris@gmail.com, au plus tard
le 31 mars 2024. Les Rencontres se tiendront en présentiel,
à Paris, les 4 et 5 octobre 2024. La prise en charge des frais de transports par l’AEMB est envisageable pour les candidates et candidats ne pouvant obtenir de financement de la part de leur institution d’origine. Les candidates et candidats retenu.es devront adhérer à l’AEMB.

Byzantium within its margins: Centres, Peripheries and Outlines

 

A mountain, a cross, an executioner: everything in the well-known miniature of the Chludov Psalter carries us “outside”. At the gates of the city and on the margins of society, the Crucifixion also recalls, through the memory of Iconoclasm, the shifting outlines of Christian dogma. From the margin where it is seemingly relegated, the image overlooks the text to better mitigate its authority. Yet, in this remarkable mise en abyme, a sense of confusion remains: which of the written word or the image holds centre stage – if there is any?

There is but one step from the margins of the psalter to those of Byzantium. As a quintessential microcosm, the illuminated manuscript invites us to extend this ambivalent notion to the scale of a world. Like the shifting lines of a border, the tension emerging between the text and the miniature likewise surfaces in varied ways across the map: between the capital and its provinces, the Empire and its vassals, the Christian prince and his neighbours.

Thus, some borderlands emerge over time as centres of power in their own right – Serbia and Bulgaria, Epirus and Trebizond – occasionally turning Byzantium itself into a margin. Others, further removed from Constantinople geographically, culturally or spiritually – nevertheless maintain subtle ties with it to better define their own identity, such as Armenia, Sicily, Rus’ and even Ethiopia – all in a way Byzantium(s) beyond Byzantium.

By scaling down the territorial questions of the Empire to urban space, or transposing them onto the space of the church, the same paradigm invites us to retrace their axes and thresholds. City walls and structures, church architecture and decoration, pilgrimage sites and necropoleis constantly reshape and redefine the notion of liminality.

Both the Torture of Christ and the sacrilege of iconoclasm suggest a social norm: heresy, like Calvary, excludes, cuts off and marginalises. Yet the fringes of Byzantine society, which go far beyond contemporary projections, compose a nuanced mosaic whose many elements, often overshadowed – women, criminals, ascetics –, call upon us to rethink the cohesion of the whole.

Monks and monasteries proclaim their marginal status as much as they idealise it: both their location, on the fringes if not within the heart of the city, as well as the social recognition they receive seemingly contradict the reclusion they claim to seek. Exile itself, though bitter, keeps its object surely within the line of sight: the exile is watched when far away, writes back and sometimes returns.

To consider Byzantium, lastly, requires the distant and decentred gaze of foreign eyes. Armenian, Latin and Syriac chroniclers, Arab and Mongol emissaries turned a careful, sometimes cruel eye on the Empire, its culture and rites, which historians would be wrong to ignore. The discipline of Byzantine history itself has long been relegated to the margins of the field, as a necessary but uninteresting transition, with Byzantium variously held as the last jolt of the Greco Roman world, the exhaustingly long final breath of the Late Roman Empire or the prelude to Ottoman Turkey.

Centres, norms, limits: everything remained to be done for the partisans of an autonomous study of Byzantine culture. Today, the delicate tension between the centre of the world and the margins of the Empire reflects both the advances and the pitfalls faced by academic inquiry. Such are the aims of the XVth Rencontres : to consider Byzantium within its margins, from its margins and as a margin.

Papers may concern the following themes:
• Territorial margins, borders and spaces of transition
• Settlement of margins and population transfers
• The situation of women, children and slaves
• Definitions and transgressions of gender norms
• Disease, disability, infirmity and death
• Religious controversies, heresy, excommunication and anathema
• Monastic communities
• Visible forms of marginality such as dress and foodways
• Byzantium as a margin

Papers, with an expected duration of 20 minutes, may be presented in French or English. Proposals for presentations (250-300 words), as well as a brief biography including the candidate’s affiliation, their current level of study (master, doctoral, post-doctoral) and their area of study should be sent tà
aemb.paris@gmail.com by March 31, 2024, at the latest.

The conference will be held in-person in Paris on October 4-5, 2024. Participants’ travel costs may be covered by the association if they are unable to receive funding from their institutions. Selected candidates will be asked to register as members of the association

Journée d’études hybride : Chypre « gothique »

Télécharger l’affiche ici

Journée d’études hybride organisée par Andréas NICOLAÏDÈS (AMU – LA3M) et Geoffrey MEYER-FERNANDEZ (EFA – LA3M)

Vendredi 1er avril 2022, 13h – 17h15

salle Georges Duby (entrée libre)

Pour suivre la journée d’études à distance : inscription obligatoire au plus tard le 30 mars 2022 à l’adresse chypre.gothique@yahoo.com

Programme: 

13h Andréas NICOLAÏDÈS (AMU – LA3M), Anne MAILLOUX (AMU – LA3M) et Geoffrey MEYER-FERNANDEZ (EFA – LA3M)
Remarques introductives

13h20 Gilles GRIVAUD (Université de Rouen – GRHis) À la cour des Lusignan

13h50 Ioanna RAPTI (École Pratique des Hautes Études, PSL)
Le gothique dans les livres : à propos du psautier grec-latin Hamilton et des manuscrits réalisés en Chypre

14h20 Michalis OLYMPIOS (Université de Chypre)
Quand Vénus rencontre Godefroy : l’évocation de l’antiquité gothique dans l’architecture de la Chypre vénitienne

Pause 14h50-15h20

15h20 Véronique FRANÇOIS (CNRS – LA3M) Production de poterie à Nicosie au XIIIe siècle : l’apport de l’Occident musulman

15h50 Savvas MAVROMATIDIS (Université de Chypre) Commemorating a Pregnant Woman in Lusignan Cyprus: Iconography and Meaning of a Funerary Slab

16h20 Geoffrey MEYER-FERNANDEZ (EFA – LA3M)
S’approprier, égaler et surpasser le gothique : réflexions sur le décor de la cathédrale grecque de Nicosie aux époques franque et vénitienne

16h50 Andreas HARTMANN-VIRNICH (AMU – LA3M) Remarques conclusives


Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH) 5 rue du Château de l’Horloge 13097 Aix-en-Provence

XIIe édition, (24-25 septembre 2021, Paris)

24-25 septembre 2021 : les XIIèmes Rencontres Internationales des jeunes chercheurs en études byzantines de l’AEMB 

Cliquer ici pour télécharger le programme des XIIèmes Rencontres de l’ AEMB

Cliquer ici pour télécharger l’appel à communications

(English Version Below)

Pour la XIIe édition des rencontres internationales des jeunes chercheurs de
l’AEMB, le bureau de l’association a opté pour un format inédit : une journée sera dédiée à des communications libres, et la deuxième journée portera sur un thème précis. Le thème retenu, après consultation des membres de l’association, est le temps.

Le temps : usage, perception et interprétation dans le monde byzantin

De la vie de Basile Ier écrite pour légitimer la dynastie macédonienne à l’usage des spolia dans l’architecture religieuse et laïque, du développement d’une tradition textuelle et visuelle autour de l’attente du Jugement dernier aux typika qui règlent précisément la vie monastique, le rapport au temps, qui
convoque le souvenir du passé, l’attention portée au présent et l’espérance de l’avenir, prend des formes multiples qui intéressent de nombreux aspects de la culture byzantine.

Étroitement lié à l’expérience, le temps est d’abord perceptible par les mutations qu’il opère. Le temps, aussi bien celui de la nature, marqué par l’alternance du jour et de la nuit et le rythme des saisons, que celui de l’Église, scandé par les grandes fêtes du calendrier religieux, la commémoration des saints et le rythme de la liturgie, était sensible à toutes et tous. Il constitue de la sorte une notion particulièrement féconde pour saisir la réalité des femmes et des hommes du monde byzantin.

C’est en considérant différentes échelles que l’on peut appréhender ce phénomène dans toute sa complexité. Parmi les qualités de Dieu, celle d’anarchos pose la question de l’éternité, difficile à appréhender par l’être humain. Pour la société, c’est l’organisation de la succession des événements par le discours de l’Histoire qui permet de donner un sens à un temps linéaire, qui sort de la cyclicité de la nature et prend une orientation qui, selon les époques, sera plutôt entendue comme celle du progrès ou du déclin.

Cette conception d’un temps conjointement cyclique, linéaire et éternel rend poreuses les notions de passé, de présent et de futur, sous-jacentes dans toute expression littéraire et artistique. L’instrumentalisation du passé, pour des raisons pratiques et théoriques, politiques et spirituelles, étaie la continuité et la légitimité de l’empire et l’inscrit dans la longue durée. Polarisé par la Création et l’Incarnation, le cours du temps, dans la pensée chrétienne, conduit inéluctablement à la fin des temps, où se joue le salut de l’humanité.

Les craintes que suscite ce futur prédéterminé ont contribué à l’essor des préoccupations eschatologiques, et dicté le développement de pratiques apotropaïques qui visent à protéger le présent de la collectivité comme de l’individu pour garantir l’accès à la vie éternelle. Ainsi, la question de la préparation au salut et du bon usage du temps vécu se pose à chacune et à chacun. Enfin, au niveau individuel, c’est également la question de la transformation du corps à travers le temps et du cheminement vers la mort qui se fait jour. Il s’agira de donner à voir la nature et la spécificité du temps tel qu’il fut envisagé à Byzance et dans les territoires voisins.

Les communications pourront ainsi porter sur les thèmes suivants, sans s’y limiter :

  • La conception scientifique du temps
  • La mesure du temps
  • Le temps de l’histoire et sa construction par les historiens, la
    longue durée
  • La vision du passé et son instrumentalisation dans l’art et
    l’histoire
  • Les approches philosophiques et théologiques du temps et
    de l’éternité
  • Le temps vécu et les rythmes du quotidien
  • La christianisation du temps par l’Église et la liturgie
  • L’avenir et l’herméneutique de ses signes avant-coureurs
  • La transmission et la mémoire
  • Le traitement du temps et de la durée dans la narration
    littéraire et visuelle
  • La préparation à la fin des temps
  • Le traitement du temps dans la musique
  • Temps et rituel
  • Temps et nature

Les propositions de communications de 250 à 300 mots, ainsi qu’une brève biographie incluant l’institution de rattachement, le niveau d’études actuel (master, doctorat, post-doctorat) et le sujet de recherche devront être envoyées à aemb.paris@gmail.com au plus tard le 18 avril.

Les communications, d’une durée de vingt minutes, pourront être données en français ou en anglais. Comme lors des précédentes éditions, certaines pourront faire l’objet d’une publication. Nous espérons que les Rencontres se tiendront en présentiel, à Paris. La prise en charge des frais de transports par l’AEMB est possible pour les candidats ne pouvant obtenir de financement de la part de leur institution d’origine. Les candidats retenus devront adhérer à l’AEMB.


English Version : 

For the 12th edition of the AEMB international postgraduate conference, the board of the association has opted for a new format: one day will be dedicated to free presentations, and the second day will center around a precise theme. The selected theme, chosen with consultation with members of the association, is Time.

Time: Usage, Perception, and Interpretation in the Byzantine World

From the life of Basil the First, written to legitimise the Macedonian dynasty, to the use of spolia in religious and lay architecture, and from the development of a textual and visual tradition concerning the Last Judgement to typika strictly organising monastic life, the experience of time, which mobilises the memory of the past, the attention to the present, and hope in the future, takes multiple forms which can be applied to the study of numerous aspects of Byzantine Culture.

Intimately linked to experience, time is first perceptible through the mutations that it operates. Time marked by the alternation of night and day and by the rhythm of the seasons, in addition to ecclesiastical time, punctuated by the religious calendar of Great Feasts, the commemoration of saints, and the rhythm of the liturgy, is significant to all. It constitutes a particularly fruitful topic for the understanding of the reality of women and men in the Byzantine World.

It is in considering time at different scales that we may understand the complexity of this phenomenon. Amongst the qualities of God, that of anarchos raises the question of eternity, difficult to grasp by humankind. In society, the organised succession of events through historical discourse exhibits the linear nature of time, which, depending on the period, is understood as progress or decline in contrast to nature’s cyclical character.

This concept of time, simultaneously cyclical, linear, and eternal, blurs notions of past, present, and future, underlined in literary and artistic expression. The instrumentalisation of the past for practical, theoretical, political, and spiritual reasons underpin the long-term continuity and legitimacy of the empire.

Polarised by Creation and the Incarnation, the course of time, in Christian thought, is inevitably oriented towards the end of time and the salvation of humankind. The fear produced by this predetermined future contributed to a rise in eschatological preoccupations, and dictated the development of apotropaic practice with the purpose of protecting individual and collective presents in order to guarantee access to eternal life. As such, the question of the virtuous terrestrial life as preparation for salvation is pertinent to all. Additionally, at an individual level, questions concerning the transformation of the body throughout time and the pathway towards death are also relevant. These questions guide us in seeing the nature and the specificity of time as it was envisioned in Byzantium and in its neighbours.

Talks may therefore address the following themes, though the list is not exhaustive:

  • The scientific conception of time
  • The measurement of time
  • Historical time and its construction by Historians, la longue
    durée
  • The vision of the past and its instrumentalisation in art and
    history
  • Philosophical and theological approaches towards time and
    eternity
  • Lived time and daily rhythms
  • The Christianisation of time by the Church and the liturgy
  • The future and the hermeneutics of its warning signs
  • The transmission of memory
  • The treatment of time and its duration in literary and visual
    narration
  • The preparation for the end of time
  • The treatment of time in music
  • Time and ritual
  • Time and nature

Presentation proposals of 250 to 300 words as well as a brief biography including the author’s institution, their level of study (masters, doctoral, post-doctoral), and their research subjects should be sent to aemb.paris@gmail.com by April 18 at the latest.

The 20-minute talks may be presented in English or French. As evidenced by earlier editions, certain talks could be selected to be included in a future publication.

It is our hope that the Rencontres will take place physically in Paris. Participants’ travel costs may be covered by the AEMB if they are unable to receive funding from their institutions. Selected candidates will be asked to adhere to the association.