Le programme hagiographique de Saint-Marc de Venise : au confluent de l’Orient et de l’Occident.
Influences orientales ou occidentales
Élodie Guilhem, École pratique des hautes études.
La basilique Saint-Marc, chapelle palatine des doges de Venise, a été reconstruite à la fin Xe siècle, afin de remplacer l’ancienne chapelle ducale dédiée à saint Théodore qui possédait elle-même un petit sanctuaire consacré à l’évangéliste Marc, dont les reliques étaient nouvellement arrivées.
Cette chapelle se veut d’inspiration byzantine tant sur le plan architectural que sur le plan du programme hagiographique selon un schéma consacré. Cette basilique inspirée d’un modèle impérial ancien (l’Apostélion) était conçue comme un immense reliquaire, miroir de la splendeur de la Sérénissime.
Le culte des saints et leur représentation occupe donc une place centrale, qui à ce jour n’a fait l’objet d’aucune étude. Cette communication a permis de dresser un aperçu rapide des saints de Saint-Marc. La basilique regroupe des cycles hagiographiques et des représentations de saints isolés. Ce programme a connu de nombreuses évolutions au fil des siècles.
Dans la première phase de la construction, des saints assez fréquents et d’inspiration byzantine sont représentés, comme les saints ermites : saint Paul ermite, et des saints stylites : saint Siméon.
Le programme de la basilique subit des ajouts postérieurs souvent dans des places laissées probablement vides (en effet un interdit du grand conseil de 1265 interdisait le changement de toute figure ou représentation), ainsi apparurent de nouveaux saints tels saint Bernard de Sienne. Ces ajouts, comme l’indiquent ces figures, étaient liés à l’apparition de nouveaux saints célèbres et plutôt d’influence occidentale. Ces apports peuvent aussi être dus à l’acquisition de nouvelles reliques par la République, c’est le cas de la construction de la chapelle dédiée à saint Isidore dont les reliques furent acquises en 1125, ou encore de saints locaux qui correspondent aux nouveaux territoires conquis sur la terraferma, avec le bienheureux Antoine de Brescia.
Le programme subira encore des modifications après l’époque médiévale, en raison des nombreuses restaurations modernes. Il est important de déterminer si nous sommes en présence de nouveaux saints ou si certains saints ont été refaits dans un style plus actuel et ont remplacé leur figure antérieure, c’est le cas probablement pour saint Paul ermite, son culte étant peu en faveur à la Renaissance.
Ce rapide aperçu, nous a permis de mettre en avant le lien étroit qui unit programme iconographique, liturgie, spatialité, politique en alliant savamment Orient et Occident avec pour objectif d’être le symbole du pouvoir vénitien.