L’autorité impériale dans les grands monastères de province (IXe-XIIe siècles).
Rosa Benoit-Meggenis (Université Lumière Lyon II)
Entre le IXe et le XIIe siècle, le pouvoir impérial byzantin joua un rôle déterminant dans le destin des grandes fondations monastiques en leur accordant des privilèges fiscaux et une protection constante face aux empiètements de l’administration et des évêques. Dans les monastères dits impériaux, dont il convient de préciser le statut juridique, l’empereur bénéficiait d’un droit de patronage qui lui conférait une autorité étendue : il contrôlait l’élection de l’higoumène, pouvait utiliser certains bâtiments comme lieu de résidence ponctuelle ou comme prison politique et disposer librement d’une partie des revenus de ces établissements. Les moines devaient aussi à l’empereur certaines obligations que l’on peut comparer aux services dus en Occident par les monastères royaux aux souverains carolingiens et ottoniens. Ainsi, à Byzance, les monastères impériaux de province pouvaient être astreints à des obligations de fournitures militaires. L’empereur pouvait intervenir dans la vie des moines en leur prodiguant ses recommandations, solliciter leurs higoumènes et leurs principaux officiers pour qu’ils lui apportent leurs conseils ou qu’ils effectuent des missions diplomatiques. Concrète dans les monastères de la capitale, la présence de l’empereur était manifestée, dans les monastères de province, par des attributs de son autorité, tels le bâton d’investiture impériale conservé dans le katholikon. L’iconographie, les icônes et la vaisselle liturgique offertes par l’empereur, la mention de son nom dans les diptyques, étaient autant de reflets de l’exercice de son autorité.