Empire unitaire et contextes régionaux : Constantinople et les provinces dans les épistoliers du Xe et XIe siècle.
Luisa Andriollo, Université Paris – Sorbonne
Tout en gardant une structure ecclésiastique et d’État centralisée et une vocation universelle, l’empire byzantine fut toujours un empire multiethnique: à l’intérieur de ses frontières, qui s’étendaient au début du XIe siècle de l’Italie méridionale à la Syrie et au Caucase, on rencontre en fait des situations géographiques et culturelles très variées et des particularismes régionaux importants.
Mon projet de recherche, qui se déroule dans le cadre d’une cotutelle entre l’Université Paris IV et l’Université de Pise et sous la direction de J.-C. Cheynet, porte sur les relations entre Constantinople et les provinces et sur le rôle joué dans ce contexte par l’aristocratie, essentiellement micrasiatique : elle représente en fait entre IXe et XIe siècle le groupe social à travers lequel se réalise le lien entre pouvoir central et territoires périphériques.
Dans mon intervention je me propose d’illustrer cette gamme de relations telle qu’elle ressorte de la témoignage des textes épistolaires. En fait, parmi les sources à notre disposition les épistolaires du Xe et XIe siècle offrent un regard particulièrement intéressant sur les rapports entre les provinces et la capitale. D’un côté ils laissent paraître l’attitude de l’administration centrale et des milieux constantinopolitains à l’égard des territoires périphériques de l’empire, qui se balance entre préjugés, sentiment de supériorité et intérêt pour l’exploitation des ressources provinciales. Au même temps ils témoignent aussi des particularités régionaux, des faits et des problèmes locaux et de la perception du pouvoir central, représenté par l’empereur et ses fonctionnaires, par les gens qui vivaient en province ou qu’y avaient des intérêts.