Les représentations de saints militaires dans les peintures murales du monastère d’apa Apollo de Baouit : les débuts d’une longue tradition.
Héléna Rochard, École pratique des Hautes Études
L’iconographie des saints militaires, bien connue dans l’art byzantin, s’est particulièrement développée au Moyen-Orient, et tout spécialement en Égypte, où la tradition s’est perpétuée durant plusieurs siècles et a même été revisitée au xviiie siècle. Les peintures de Baouit comptent parmi les plus anciens exemples du thème et offrent un nombre important d’images qui permettent d’observer quelques variations autour d’un type iconographique qui semble déjà bien établi.
La plupart de ces soldats connurent leur martyre à l’époque des grandes persécutions, au iiie et au ive siècle. Cette période de troubles constitua pour les Coptes l’origine de l’« Ère des Martyrs », calendrier débutant en 284, année de l’avènement de l’empereur Dioclétien. Ces saints guerriers, dont l’iconographie porte l’empreinte d’un héritage antique, occupent une place particulière au sein du répertoire hagiographique ; tantôt figurés à cheval, tantôt en pied ou en buste, ils incarnent les soldats du Christ et les victorieux défenseurs du christianisme.
Les représentations de martyrs illustres, comme Théodore, Mercure, George, Serge et Bacchus, de même que celles de saints égyptiens, témoignent de la diffusion, ou de l’émergence, de leur culte et attestent de la grande dévotion dont ils faisaient l’objet. L’étude approfondie des attributs et des inscriptions qui caractérisent les saints, conjuguée aux observations relatives à leur emplacement dans l’espace, permet d’aller plus loin sur la compréhension du rôle qu’ils jouent dans le programme iconographique de ces édifices monastiques.
Cette intervention s’inscrit en complément des études récentes menées sur les saints militaires dans l’art byzantin.