La Pouille byzantine et lombarde (VIe-XIe siècles). Paysages, territoires et sociétés d’un espace de frontière à la périphérie de l’Occident.
Giovanni Stranieri (Université Lyon 2 / E.H.E.S.S.)
À partir de la fin du VIe siècle, la région de la Pouille, en Italie méridionale, devient une zone-frontière aux marges des mondes byzantin, lombard et, plus tard, arabe. Dans le courant des VIIe-VIIIe s., la Pouille subit la déstructuration du système urbain, territorial et économique tardo-antique et intègre en grande partie le duché lombard de Bénévent. Toutefois, elle reste toujours dans l’orbite de Byzance, qui contrôle l’extrême sud de la région, autour du port d’Otrante. Plus tard, dans la seconde moitié du IXe s., l’Empire rétablira son pouvoir sur toute la région, avant que celle-ci ne soit définitivement réintégrée à l’Occident par les Normands, dans le cadre d’un inédit et durable ensemble sud-italien : le Regnum Siciliae.
Quelles sont les répercussions de ces bouleversements politiques, ethniques et militaires sur le peuplement, l’habitat, les paysages et la production agraire, en un mot sur l’organisation des espaces et des sociétés régionales ?
Pour répondre à cette question, un programme d’archéologie des paysages a été mis en place. Son objectif consiste à : 1) caractériser les transformations des espaces apuliens, entre le VIe et le XIe s. ; 2) définir la part spécifique de ces changements qui peut être attribuée au partage de la région entre sphères politiques, économiques et culturelles différentes.
Si la lecture archéologique du terrain est au cœur de la problématique et de la méthodologie de ce programme de recherches, d’autres sources sont sollicitées, dans un cadre résolument interdisciplinaire : il s’agit de la relecture régressive des données géohistoriques fournies par les rares sources byzantines et lombardes puis par les sources médiévales et modernes, de la linguistique historique, de l’histoire du droit et des coutumes.
Dans le cadre de ces Rencontres, seront présentés, d’abord, la problématique et le cadre méthodologique de ces recherches, puis, une étude de cas portant sur l’analyse archéologique des délimitations agraires de la région. Ces dernières, qui se présentent sous la forme d’imposantes murailles en pierre sèche, ont révélé un très important potentiel d’information lors d’une opération de fouille menée récemment et dont la publication dans la revue « Archeologia Medievale » n° 36 (Edizioni All’Insegna del Giglio, Firenze, Italia) est imminente.