L’art d’enfiler des perles. Le genre littéraire byzantin des chapitres.
Katrien Levrie, Université de Louvain
On sait que la civilisation byzantine attachait beaucoup d’importance à sauvegarder la tradition. A cet égard, on peut entre autres constater que la littérature byzantine se caractérise par un effort de compilation. Dans ce rapport écrit, je me pencherai sur un genre de compilation particulier, celui des chapitres ou κεφάλαια. Pendant la période byzantine, plusieurs œuvres théologiques étaient présentées et structurées sous forme de collections de chapitres courts. Le nombre de chapitres pouvait en fait varier, mais en général, les auteurs compilaient un bon nombre de chapitres, souvent 100 (ou un multiple de 100).
Une telle collection de 100 chapitres était nommée centurie ou ἑκατοντάς. Ce qui est toutefois remarquable est qu’il n’existe souvent aucun lien évident entre les différents chapitres qui forment chacun en soi une unité visant à être lue et contemplée. Le genre littéraire des centuries prospérait dans les milieux monastiques où l’ensemble des chapitres avait pour but de stimuler la réflexion et l’ascèse auprès des moines.
Alors, cette sorte de littérature de compilation s’est presque dérobée à la vue des byzantinistes. A cet égard, il a semblé opportun d’examiner ce genre littéraire. Ma recherche se focalise sur la personne de Maxime le Confesseur (6e-7e siècles) et, plus particulièrement, sur deux œuvres qui lui sont attribuées, à savoir les Capita Gnostica (CPG 7707/11) et les De Duabus Christi Naturis (CPG 7697/13). Ces deux textes sont en effet exemplaires pour le genre des chapitres.
Dans cette intervention, je présenterai mon projet de recherche et les constatations que j’ai déjà faites quant au genre des chapitres en préparant une édition critique de ces deux textes.