L’État central et le ravitaillement des garnisons frontalières (IVe-VIIIe siècles).
Damien Glad (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)
Avec la mise en place du système tétrarchique à la fin du IIIe siècle, Rome, centre historique, perd son importance politique et économique au profit de nouveaux centres déplacés en périphérie plus près des théâtres d’opérations militaires. Les réformes administratives vont avoir un impact sur les structures de ravitaillement de l’armée dont le centre de gravité des ateliers d’armes est ramené, le plus souvent, vers l’intérieur des terres dans de grandes cités fortifiées situées sur les principaux axes fluviaux et routiers. La principale innovation de Dioclétien sera de placer ces structures de ravitaillement sous le contrôle de la nouvelle bureaucratie. Il s’agira pour nous de s’interroger sur la dépendance ou l’autonomie des garnisons frontalières danubiennes par rapport à un réseau étatique constitué à l’échelle impériale. La division bilatérale de l’armée avec, d’une part, l’armée d’accompagnement de l’Empereur et, d’autre part, une armée périphérique de plus en plus attachés à la terre qu’elle défend, pose la question de savoir si ces deux armées bénéficient du même type de ravitaillement. A fortiori, transparaît derrière cette bipartition de l’armée la dépendance des périphéries par rapport au centre : la notitia dignitatum qui nous informe sur le système officiel des Fabricae et quelques exemples archéologiques (débarcadères, annona militaris) nous permettrons d’étudier cet état de fait.