Rencontres annuelles des doctorants en études byzantines 2011

Fortes de leur succès et pour la quatrième année consécutive, les Rencontres internationales des doctorants en études byzantines auront lieu les 21 et 22 octobre 2011. Cette IVe édition s’inscrit désormais dans le cadre de l’Association des Étudiants du Monde Byzantin (AEMB) qui a vu le jour en 2010 à la suite des précédentes rencontres.

 Organisées sur deux jours, ces Rencontres internationales ont pour but de rassembler des étudiants de troisième cycle, français et étrangers, travaillant sur la civilisation byzantine. Quels que soient le champ de recherche et le domaine de spécialisation (histoire, histoire de l’art, archéologie, philologie, …), il s’agit avant tout de valoriser les recherches des doctorants en études byzantines auprès d’autres étudiants, parfois venus de disciplines différentes (Moyen Âge occidental, monde islamique, peuples des steppes, …).

Pluridisciplinaires et dynamiques, ces Rencontres souhaitent favoriser les discussions scientifiques et méthodologiques autour des sujets de recherche présentés, afin de développer davantage les échanges d’expériences, de conseils et de points de vue entre les jeunes chercheurs, intervenants et auditeurs. Ces journées enrichissantes pourront se traduire par la publication sur le site du Centre d’Histoire et de Civilisation de Byzance d’un résumé de chacune des interventions.

Les étudiants souhaitant participer aux prochaines Rencontres internationales des doctorants en études byzantines qui se dérouleront au sein du prestigieux Institut National d’Histoire de l’Art de Paris, s’exprimeront sur une problématique de leur choix durant une vingtaine de minutes. Aucune thématique n’est imposée aux intervenants, traduisant la volonté d’ouverture des champs de recherche touchant au monde byzantin.

Enfin, ces Rencontres internationales des doctorants en études byzantines ont pu être organisées, jusqu’à maintenant, grâce au précieux soutien de l’INHA qui, depuis trois ans, accueille gracieusement ces fructueux échanges, ainsi qu’aux aides financières de l’UMR Orient et Méditerranée, des écoles doctorales d’archéologie et d’histoire byzantine de Paris I, de l’école doctorale section V de l’EPHE et de la FSDIE de l’EPHE.

Association des Étudiants du Monde Byzantin – AEMB

Comité d’organisation

– Julien Auber de Lapierre, École Pratique des Hautes Études
– Marie Guérin, Université Paris IV-Sorbonne
– Anaïs Lamesa, École Pratique des Hautes Études

Affiche des Rencontres 2011
– Programme des Rencontres 2011

CATARINA FRANCHI – La mort d’Alexandre dans le Roman d’Alexandre

Ne te connaîtras-tu jamais toi-même, et ne comprendras-tu pas enfin que tu es mort ? La mort d’Alexandre dans le Roman d’Alexandre.
Catarina Franchi (Université d’Oxford)

Alexandre mourût, selon les éphémérides Royales rapportées par Plutarque et Arrien, le 28e jour du mois de Daisios, qui peut être traduit comme le 10 Juillet, 323 avant J.-C. Tous les grands et célèbres décesses tragiques de l’Antiquité, le topos de la mort virtuose de style homérique ne se retrouvaient pas, ces jours-là, à Babylone, et les historiens anciens n’ont jamais cessé de traiter la mort du Conquérant comme une sorte de mystère, de tragédie incompréhensible, de complément impossible d’une telle vie.

Sept mois s’étaient écoulés depuis la mort d’Héphaistion, sept mois de douleur et de progressive croyance aux signes, à l’astrologie, aux prodiges : Alexandre, après avoir quitté Ecbatane, où son ami était mort, décida de retourner à Babylone, et il avait déjà l’intention de partir vers l’Arabie, avec l’aide de Néarque, le capitaine de la flotte. Mais quelque chose arriva. Non seulement la demande de donner à Héphaistion les honneurs divins avait été repoussée, mais aussi des nombreux signes commençaient à se présenter autour d’Alexander.

En particulier, quatre sont les prodiges visées par les historiens : tout d’abord, le manque du lobe d’une victime sacrificielle, comme il est signalé par Plutarque et Arrien, l’histoire d’un normal soldat (mais dans certaines traditions, ce soldat est Séleucos), qui saut dans l’eau de l’Euphrate pour récupérer la couronne du roi qui était tombée de sa tête, comme on peut lire dans Arrien et Diodore; l’épisode d’un fou possédé par une μανία ­qui, sans une raison quelconque, et ne sachant pas ce qu’il faisait, s’était assis sur le trône d’Alexandre – le prodige le plus commun, car il est mentionné par tous les historiens, sauf Curtius, mais seulement parce que Curtius est manquant de toute la partie qui précéde la mort elle-même – ; enfin, l’assassinat d’un lion, symbole de la royauté, par un simple âne. Seul le Roman d’Alexandre, dont on parlera en détail dans quelques instants, parle de la naissance d’un garçon étrange, mi-homme mi bête, avec cinq faces bestiales sous ses membres.

CARLOS VIRGILIO – The privileges granted by John VIII to Florence in 1439

The privileges granted by John VIII to Florence in 1439.
Carlo Virgilio (Université de Birmingham)

In January 1439 John VIII Palaiologos (1425-1448), together with the Patriarch of Constantinople Joseph II (1416-1439), moved from Ferrara to Florence to carry on the Ecumenical Council. The council was transferred to Florence following the disposition of Pope Eugenio IV. However, it is very likely that the Florentine political establishment also had a central role in this decision, which was to promote the city of Florence as a powerful centre, and to obtain the much-desirable commercial privileges from the basileus.  On account of these happenings, it is not wrong to say that the Union of Churches was a success for the city of the Medici, since it was followed by the concession of two different privileges to the city by John VIII Palaiologos. Most importantly, he granted the city of Florence all the rights in Constantinople and in Romania which had previously belonged to Pisa (cfr. Müller n. 122 = Lampros, pp. 338-344), while other minor privileges were endowed to single aristocratic families like the Fedini-Brancacci.

This paper will analyse the privileges granted by John VIII to Florence. As a matter of fact these grants present many questions which until now have not been disclosed. Why, for example, does it seem that the Florentines did not enact the privileges received by the Emperor? Why did the first Florentine consul appear only during the Ottoman period? Through a comparison between these privileges and those granted in the past by the Byzantine Emperors to the other Italian cities (primarily Genoa and Pisa) I will shed light on the numerous problems that still affect these documents.

This is part of my PhD dissertation which relates about the relationship between the Florentine, Byzantium and the Ottomans under the supervision of Dr. Dimiter Angelov.

CHRISTO MALATRAS – Social relations and economic situation in Constantinople (1394-1402)

Social relations and economic situation in Constantinople during the siege of Bayezid I (1394-1402).
Christos Malatras (Université de Birmingham)

The economic life of Constantinople was greatly affected by Bayezid’s prolonged siege. Famine, poverty, malfunction of commerce and, as a result, a major exodus of the populace from the besieged City. In addition, the siege seems to have accelerated certain processes present in Byzantine society during the late 14th century. The old aristocrats having lost most of their lands outside the walls of Constantinople were left in possession of small plots of land and houses within Constantinople, which now they were compelled to sell in an attempt to pay off debts and feed their families. However, some of them proved more clever. They invested their property in trade and other similar economic activities and many were able not only to preserve their property, but also to enrich themselves. It is here that we may observe social ascent of individuals from the mesoi or from lower aristocracy to the elite of the empire.

The mesoi, who until recently were seen as unimportant and reduced to the status of lower classes after the second civil war, in fact they continue to operate and some of them have properties much higher than some aristocrats. On the other side, the “civil aristocracy” was severely hit after the second civil war and the subsequent shrinkage of the state apparatus. Many prominent families are lost from our sources during this time. Research on this subject is aided greatly by the documents that have been preserved from decisions of the patriarchal court of Constantinople. Their number increase significantly during the siege; hundreds of individuals are named on them and their dealings with the court provide us with valuable information about the relations between them and their social and economic status.

MARIE GUERIN – Marguerite de Savoie et Renaud de Forez : mémoire de la principauté de Morée

MARGUERITE DE SAVOIE ET RENAUD DE FOREZ : Mémoire de la principauté de Morée en Occident au XIVe siècle.
Marie Guérin (Université de Paris IV-Sorbonne)

À la suite du troisième mariage de la princesse de Morée, Isabelle de Villehardouin, avec Philippe Ier de Savoie en 1301, Marguerite de Savoie naît dans le Péloponnèse au tout début du XIVe siècle. Cependant dès 1304, la principauté, créée à la suite de la quatrième croisade et de la fondation de l’empire latin d’Orient, se trouve sous la domination angevine et Charles II d’Anjou, roi de Naples, déchoit la princesse Isabelle de Villehardouin (au profit de Philippe de Tarente, despote de Romanie). Marguerite de Savoie grandit alors en Piémont aux côtés de son père et ne retourne probablement plus jamais dans le Péloponnèse moréote. Le 30 août 1324, Marguerite de Savoie épouse Renaud de Forez, seigneur de Malleval, puis elle meurt après 1371 et est inhumée dans l’église du couvent des Cordeliers de Montbrison.

Afin d’éclairer les diverses motivations du mariage de la fille cadette d’une princesse de Morée et d’un seigneur du Massif central, cette étude met en lumière la renommée du titre de prince d’Achaïe, les stratégies lignagères des maisons de Savoie et de Viennois, ainsi que le poids de la dot dans la réalisation de cette union. Retraçant ainsi l’itinéraire de Marguerite de Savoie et soulignant l’attrait pour l’héritage des princes de Morée en Occident au XIVe siècle, cette recherche s’interroge également sur l’inscription de la mémoire de la principauté de Morée dans le Massif central, à travers la question de la sépulture de Marguerite de Savoie dans l’église du couvent des Cordeliers de Montbrison et des armoiries (Savoie, Achaïe et Forez) qui auraient été peintes au dessus de son tombeau.