Période mésobyzantine : l’organisation et l’amélioration des capacités opérationnelles de la marine de guerre byzantine en Méditerranée face à la menace arabe.
Aspa Veneri, Université Paris IV-Sorbonne
L’Empire romain d’Orient est fondé géographiquement sur les territoires lui permettant d’assurer la sécurité des quatre grandes voies de communication maritimes et terrestres qui partent de Constantinople. La capitale constituait le cœur de l’Empire au point que si elle tenait contre les ennemis, l’empire survivait. L’échec des Arabes à deux reprises en est un bon témoignage. Face aux nombreuses menaces venant de l’Ouest, du Nord ou de l’Orient, les empereurs disposaient d’armées longtemps puissantes et, en ultime recours, des formidables murailles de la Constantinople. Mais la ville est aussi située sur une voie de passage maritime majeure, condition de son bon ravitaillement, mais aussi point éventuel de la défense de la ville. La construction des murailles maritimes ne pouvait pas suffire à protéger la capitale. Il fallait arrêter le plus en avant possible, sur mer.
Les basileis organisèrent donc une flotte de guerre qui leur servit à contrôler les routes maritimes, qui servirent aussi à déplacer leurs armées, à mener des raids chez l’adversaire. Mais l’entretien des vaisseaux et le paiement des soldats marins coûtaient fort cher.
L’Empire romain avait entretenu longtemps une puissante marine de guerre et mis au point des techniques de combat qui lui permirent de dominer quasi sans partage la Méditerranée. Cette absence d’adversaire à sa mesure fit que la flotte de guerre se réduisit à quelques escadres qui assuraient une protection régionale. Les invasions germaniques ne changèrent pas la situation, car les différents groupes de Germains se déplaçaient par voie terrestre. L’Empire romain d’Orient n’hérita donc pas d’une flotte de combat importance et cette faiblesse fut très perceptible lors des opérations contre les Vandales d’Afrique, l’immense flotte réunie en 468 par l’empereur Léon fut dispersé sans gloire et Bélisaire ne réussit à débarquer en Afrique qu’en raison du départ de la flotte vandale vers la Sardaigne.
Les invasions du 7e siècle changèrent complètement la donne, car le recul des frontières et le succès des attaques mirent Constantinople elle-même en danger. La victoire sur les Avars en 626 ne démontre pas l’existence d’une vraie flotte de guerre. L’Empire fut cependant contraint d’agir car les Arabes musulmans qui avaient conquis la Palestine et l’Égypte disposant ainsi d’arsenaux se lancèrent à la conquête de l’Empire à commencer par Chypre. Ils improvisèrent plus vite une flotte comme en témoigne leur grande victoire navale au large de Phoenix. Comme les Arabes faisaient peser une menace mortelle contre la capitale s’ils détenaient la maîtrise de la mer qui les autorisait à envisager un long siège de Constantinople, les empereurs durent organiser une riposte. Une nouvelle frontière était née, celle-ci étant sur mer.