Christianisme et monde classique dans la Vie et Miracles de Sainte Thècle
(Ve siècle)
Ángel Narro, Université de Valence.
Le texte de la Vie et Miracles de Sainte Thècle édité par Gilbert Dagron et daté vers la moitié du cinquième siècle nous montre un ouvrage chrétien résultat de l’agrégation de deux narrations indépendants, mais propres du genre hagiographique : une récit de la vie de Thècle, en réalité une réélaboration des Actes de Paul et Thècle (II s.), et un recueil de miracles de la sainte, tous les deux composés par le même écrivain dans son sanctuaire de Séleucie (Isaurie).
La thèse de doctorat que nous sommes en train de réaliser dans l’Universitat de València (Espagne), sous la direction du professeur Jordi Redondo, analyse sur les origines et le développement de l’hagiographie grecque à travers la figure de Thècle, cette jeune fille qui apparaît dans les Actes de Paul et Thècle et qui restera dans les milieux chrétiens orientaux comme la προτομάρτυς par excellence et comme une des saintes les plus connues et vénérées, surtout lorsqu’on évoque la virginité en tant que valeur et qualité morale.
Notre intention dans cette communication est celle de nous occuper d’un aspect très important de la partie finale de notre travail de recherche, qui, ayant commencé vers la fin du second siècle, s’achève au cinquième, dans cette première floraison de l’hagiographie byzantine, avec la Vie et Miracles de Sainte Thècle : la coexistence dans ce texte de la morale religieuse chrétienne et de la formation et le bagage culturel classique. Les sources classiques que l’on observe dans ce texte placé dans ce courant littéraire hagiographique nous montrent la particularité du monde byzantin, héritier de la culture grec, mais en même temps profondément chrétien, et de la situation particulière de la ville de Séleucie qu’on peut dégager à partir de celui-ci. Le premier objectif de notre intervention donc sera celui d’identifier les modèles littéraires chrétiens (Textes canoniques, apocryphes, apologétiques…) et classiques (Homère, Hérodote…) présents dans le texte, le second celui d’interpréter les aspects linguistiques les plus intéressants et, finalement celui d’analyser leurs implications dans le contexte particulier du cinquième siècle et de la ville de Séleucie.