Le travail des matières dures animales au Proche-Orient protobyzantin :
Nouvelles perspectives
Bénédicte Khan, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
L’artisanat de l’os, de l’ivoire et de la corne pour la période byzantine est mal connu au Proche-Orient, par manque d’intérêt des chercheurs pour ces matières parfois considérées comme peu nobles (à l’exception de l’ivoire), étant principalement utilisées pour fabriquer des objets « simples », de peu de valeur. Néanmoins, la variété des productions indique un usage quasi journalier de ces matières dans de nombreux domaines de la vie domestique ou artisanale, et la facture exceptionnelle de certaines pièces démontre l’existence d’un artisanat spécialisé et de qualité. Les pièces produites dans ces matières sont donc d’une grande importance quant à la compréhension du quotidien des byzantins.
L’industrie liée a elle aussi été quelque peu négligée par la recherche ; or, les ébauches, supports, et rebuts de fabrication issus de cet artisanat sont une source inestimable d’informations quant au savoir-faire des artisans, à travers la reconnaissance des techniques mises en place dans la production d’un objet et l’établissement de leur chronologie permettant le remontage des différentes étapes de la chaîne opératoire. D’autres données peuvent également être récoltées grâce à l’étude de ces rejets d’ateliers, concernant notamment les matières utilisées (espèces animales, parties anatomiques préférées), les relations des artisans avec d’autres métiers (la boucherie pour l’approvisionnement en matières premières, la métallurgie ou encore l’ébénisterie, les matières osseuses étant utilisées dans la fabrication de manches de couteau et/ou d’éléments de marqueterie), etc.
C’est par une étude technologique que ces matières sont abordées dans cet exposé (et dans notre thèse), car la richesse des informations qu’elle apporte ouvre un pan entier de la société byzantine jusque-là peu exploré.